Sur la traduction française des noms des sujets de la Fédération russienne

Valerik
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Sur la traduction française des noms des sujets de la Fédération russienne

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Sur la traduction française des noms des sujets de la Fédération russienne

Les républiques, d’abord :
Республика Адыгея (Адыгея), Республика Алтай, Республика Башкортостан, Республика Бурятия, Республика Дагестан, Донецкая Народная Республика, Республика Ингушетия, Кабардино-Балкарская Республика, Республика Калмыкия, Карачаево-Черкесская Республика, Республика Карелия, Республика Коми, Республика Крым, Луганская Народная Республика, Республика Марий Эл, Республика Мордовия, Республика Саха (Якутия), Республика Северная Осетия — Алания, Республика Татарстан (Татарстан), Республика Тыва, Удмуртская Республика, Республика Хакасия, Чеченская Республика, Чувашская Республика — Чувашия.

La traduction française proposée dans la Wiki française :
La République d'Adyguée (Adyguée), la République d'Altaï, la République de Bachkortostan, la République de Bouriatie, la République de Daghéstan, la République Populaire Donetsienne, la République d'Ingouchie, la République Kabardino-Balkare, la République de Kalmoukie, la République Karatchaïevo-Tcherkesse, la République de Carélie, la République de Komi, la République de Crimée, la République Populaire Louganienne, la République de Mariï El, la République de Mordovie, la République de Sakha (Iakoutie), la République d'Ossétie du Nord — Alanie, la République de Tatarstan (Tatarstan), la République de Touva, la République Oudmourte, la République de Khakassie, la République Tchétchène, la République Tchouvache — Tchouvachie.

Comme vous voyez, la traduction est soumise à la logique imperturbable : si le nom d’une république est constitué en russe par un adjectif (p. ex., « Чеченская » – Tchétchènskaïa), cet adjectif reste tel dans la traduction (Tchétchène). Si le nom est constitué d’un substantif (Адыгея – Adyguéïa), ce substantif reste tel quel dans la traduction en lui adjoignant « de » (d’Adyguée).

Ceci dit, il est indispensable de traduire les noms des deux nouvelles républiques russiennes selon cette même logique. Comme leurs noms en russe sont constitués par des adjectifs (Донецкая, Луганская), ces adjectifs doivent rester dans la traduction, malgré la pratique adoptée dans la presse francophone, à savoir de Donetsk et de Lougansk.
Et ce qui est capital, c’est que personne ne puisse dire exactement si l’adjectif « Донецкая » (Donetskaïa) provient du nom de ville « Донецк » (Donetsk) ou du nom du fleuve « Донец » (le Donets’), et de même si l’adjectif « Луганская » (Louganskaïa) provient du nom de ville « Луганск » (Lougansk) ou du nom du fleuve (plutôt de la rivière) « Лугань » (la Lougagne). Comme les noms des villes « Донецк » (Donetsk) et « Луганск » (Lougansk) proviennent incontestablement eux-mêmes des noms des fleuves correspondants, j’incline vers l’opinion que ce sont les noms des fleuves qui sont à l’origine des noms de ces oblasts devenus républiques…

Reste à adopter le principe de formation de ces adjectifs nouveaux (jusqu’à présent inexistant dans la langue française). Il y a deux voies pour cela :
a) translitérer la dénomination russe : Donetskaïa, Louganskaïa ;
b) en laissant des racines telles quelles, remplacer les terminaisons russes « -ский / -ская / -ское » (-skiï / -skaïa / -skoïe) pour les genres masculin, féminin et neutre, par celles, françaises, « -ien / -ienne » : Donetsienne, Louganienne.
Les deux solutions ont leurs défauts chacune. La première a, entre autres, ce défaut que les genres des mots correspondants en russe et en français ne coïncident pas. Si le kraï est masculin, comme son homologue russe, l’oblast est aussi masculin, tandis qu’en russe ce mot, « область », est féminin. Les deux variantes, « l’oblast Samarskaïa » et « l’oblast Samarskiï » sont impensables, autant à un Russe connaissant le français, qu’à un Français connaissant le russe.
La solution « -ien / -ienne » s’impose donc, avec la concordance avec le genre du mot français.

Voilà ce qu’il faut comprendre : lorsqu’on parle de la « République de Touva », ça signifie qu’il existe bel et bien un sujet de la Fédération russienne nommé par le substantif « Touva ». Si on laisse la dénomination « République Populaire de Donetsk » admise actuellement par la presse francophone, on pourrait en tirer une conclusion fausse qu’il existerait un sujet de la Fédération russienne nommé par le substantif « Donetsk ». Or, c’est faux. Donetsk, c’est une ville, la capitale du sujet de la Fédération russienne nommé « République Populaire Donetskaïa », mais pas ce sujet lui-même.

Ce raisonnement logique est surtout applicable aux autres sujets de la Fédération russienne. Comme vous verrez, ici tout est à refaire.

Les kraïs de la Russie :
Алтайский край, Забайкальский край, Камчатский край, Краснодарский край, Красноярский край, Пермский край, Приморский край, Ставропольский край, Хабаровский край.
Comme vous le voyez, les noms des 9 kraïs russiens sont tous constitués par des adjectifs.

La traduction courante française, en contradiction, n’inclut que des substantifs auxquels on a adjoint « de » :
Le kraï d'Altaï, le kraï de Transbaïkalie, le kraï de Kamtchatka, le kraï de Krasnodar, le kraï de Krasnoïarsk, le kraï de Perm, le kraï de Primorié, le kraï de Stavropol, le kraï de Khabarovsk.

Qui plus est, le kraï « Забайкальский » (Zabaïkal’skiï) a subi une tentative peu glorieuse de « traduction partielle », quand on a traduit le préfixe « За » (Za) par « Trans » et on a inventé le substantif inexistant « Transbaïkalie » (le substantif « Baïkalie » n’existant pas davantage). Inutile de vous dire que vous ne trouverez pas beaucoup de Russes qui sauraient discerner ce que cette « Transbaïkalie » pourrait en fait signifier, tant cette chimère linguistique est éloignée du mot russe.

Tandis que le préfix « При » (Pri) dans le nom « Приморье » (Primorié) n’a pas subi cette procédure douteuse (dans cette logique, il aurait dû être remplacé par « Cis »).
Bon. Parmi les noms de ces neuf kraïs, cinq sont des adjectifs formés depuis les noms de leurs capitales ; donc la solution est la même que pour les autres cas comparables, c’est-à-dire, nom de ville comme racine et « -ien » comme terminaison : Permien, Krasnodarien, etc.

Les quatre restants seraient, du premier abord, étroitement liés chacun au lieu géographique bien connu dans la géographie française, de sorte que selon la logique, puisqu’un lieu géographique « Altaï » existe, on pourrait laisser « le kraï d'Altaï » tel quel.
Pas si vrai. Si vous vous souvenez, hormis ce « kraï d'Altaï », il existe aussi la « République d'Altaï ». Oui, il s’agit toujours de la même chaîne de montagnes, mais elle est située dans 4 pays !

De sorte qu’on ne peut pas admettre la même locution « d'Altaï » pour la République et pour le kraï. Ceci n’est guère le cas dans la Constitution de la Fédération russienne.
De même, la péninsule connue de Kamtchatka ne coïncide pas dans ses frontières avec le kraï Kamtchatien.
Aussi, si les notions historiques et géographiques russes « Забайкалье » (Zabaïkalié) et « Приморье» (Primorié) – que l’on a essayé de translitérer ou même traduire partiellement – existent, elles ne sont définies que très approximativement. Ces régions historico-géographiques ne peuvent pas être assimilées aux subdivisions administratives possédant des frontières définies rigoureusement.

De sorte que la liste des kraïs devrait être traduite comme suit :
Le kraï Altaïen, le kraï Zabaïkalien, le kraï Kamtchatien, le kraï Krasnodarien, le kraï Krasnoïarien, le kraï Permien, le kraï Primorien, le kraï Stavropolien, le kraï Khabarovien.

Passons maintenant aux oblasts, les sujets les plus nombreux de la Fédération russienne.
Амурская область, Архангельская область, Астраханская область, Белгородская область, Брянская область, Владимирская область, Волгоградская область, Вологодская область, Воронежская область, Запорожская область, Ивановская область, Иркутская область, Калининградская область, Калужская область, Кемеровская область — Кузбасс, Кировская область, Костромская область, Курганская область, Курская область, Ленинградская область, Липецкая область, Магаданская область, Московская область, Мурманская область, Нижегородская область, Новгородская область, Новосибирская область, Омская область, Оренбургская область, Орловская область, Пензенская область, Псковская область, Ростовская область, Рязанская область, Самарская область, Саратовская область, Сахалинская область, Свердловская область, Смоленская область, Тамбовская область, Тверская область, Томская область, Тульская область, Тюменская область, Ульяновская область, Херсонская область, Челябинская область, Ярославская область.

Pour la plupart les noms des oblasts sont constitués par des adjectifs provenant du nom de la capitale (centre administratif) de ce sujet de la Fédération russienne, donc ce sera la racine plus « -ien » (car le mot « oblast » est de genre masculin en français).
Mais il y a des cas particuliers dont on va parler.

Commençons par l’Amour. Marrant pour un francophone, mais c’est un fleuve, grand et beau. Or, évidemment l’oblast Amourien n’est guère le seul parmi les multiples territoires baignés par ce fleuve.
De même que pour certains kraïs, l’oblast Sakhalinien ne coïncide pas exactement avec l’île de Sakhaline.

Des particularités sont présentes dans les noms de deux oblasts, dont les capitales portent les noms presque identiques : « Новгород » (Novgorod, littéralement comme en français : « Ville neuve »).
Ces deux Novgorod(s) ont chacune un supplément de nom : « Великий Новгород » (« Villeneuve la Grande » ou « Vélikiï Novgorod », ou « Новгород » (Novgorod) tout court jusqu’en 1999 et dans la langue parlée), et « Нижний Новгород » (« Villeneuve-Basse », ou « Nijniï Novgorod », ou « Нижний » (Nijniï) tout court, « La Basse » dans la langue parlée, et étant de loin plus grande que « Novgorod la Grande » plus ancienne ; mais on sait très bien que le mot russe « Великий » (Vélikiï) ne correspond pas tout à fait au mot français « Grand »).
Et les deux oblasts correspondants ont aussi des particularités dans leurs noms. Celui dont la capitale est Vélikiï Novgorod est nommé « Новгородская » (Novgorodskaïa, « Novgorodien ») tout court, tandis que celui avec Nijniï pour capitale porte le nom « Нижегородская » (Nijégorodskaïa, « Nijégorodien »), une curieuse variation du nom de la ville.

Et on passe aux trois oblasts que j’ai laissés pour le dessert, tant les traductions actuelles de leurs noms prêtent à rire, à savoir ceux qui sont traduites à présent « de Moscou », « de Léningrad » et « de Sverdlovsk ».
Les deux derniers noms de villes, « Léningrad » et « Sverdlovsk », n’existent tout simplement plus ! Ou alors seulement dans cette géographie française des oblasts russiens : « Léningrad » était l’ancien nom soviétique de Saint-Pétersbourg, et « Sverdlovsk » celui d’Iékaterinbourg. Donc ces sujets de la Fédération russienne ne peuvent en aucun cas être nommés ainsi ; à traduire « Léningradien » et « Sverdlovien ». Ces noms, Léningrad et Sverdlovsk, ne subsistent en russe que sous la forme de leurs adjectifs ou bien dans l’aspect historique. La géographie française a tort de les faire perdurer.
Enfin, les deux premiers oblasts, prétendument « de Moscou » et « de Léningrad », n’ont en fait rien à voir avec ces villes sauf par le fait qu’ils entourent ces villes sans les inclure (sans parler du fait que Léningrad, lui, n’existe plus, de sorte que l’oblast soi-disant « de Léningrad » entoure la ville qui portait jadis le nom de Léningrad et avec laquelle il n’a en surplus rien à voir, les villes de Moscou et de Saint-Pétersbourg étant des sujets propres de la Fédération russienne sous forme de villes d’importance fédérale). Donc ce seraient les oblasts « Moscovien » (et surtout pas « Moscovite » qui pourrait être proposé mais qui désigne un habitant justement de la ville de Moscou, et pas de l’oblast) et « Léningradien » comme je l’ai dit plus haut (qui a non une seule, mais deux bonnes raisons de ne pas être nommé « de Léningrad »).

Donc on aurait :
L'oblast Amourien, l'oblast Arkhangélien, l'oblast Astrakhanien, l'oblast Belgorodien, l'oblast Brianien, l'oblast Vladimirien, l'oblast Volgogradien, l'oblast Vologdien, l'oblast Voronéjien, l'oblast Zaporojien, l'oblast Ivanovien, l'oblast Irkoutien, l'oblast Kaliningradien, l'oblast Kalougien, l'oblast Kémérovien — Kouzbass, l'oblast Kirovien, l'oblast Kostromien, l'oblast Kourganien, l'oblast Kourien, l'oblast Léningradien, l'oblast Lipétien, l'oblast Magadanien, l'oblast Moscovien, l'oblast Mourmanien, l'oblast Nijégorodien, l'oblast Novgorodien, l'oblast Novossibérien, l'oblast Omien, l'oblast Orenbourgien, l'oblast Orelien, l'oblast Penzien, l'oblast Pskovien, l'oblast Rostovien, l'oblast Riazanien, l'oblast Samarien, l'oblast Saratovien, l'oblast Sakhalinien, l'oblast Sverdlovien, l'oblast Smolénien, l'oblast Tambovien, l'oblast Tverien, l'oblast Tomien, l'oblast Toulien, l'oblast Tioumenien, l'oblast Oulianovien, l'oblast Khersonien, l'oblast Tchéliabinien, l'oblast Iaroslavien.

Rien à signaler sur les trois villes d’importance fédérale :
Moscou, Saint-Pétersbourg, Sébastopol.

Par contre, je traduirais « Еврейская автономная область » (Iévreyskaya autonomnaya oblast’) par « L’oblast autonome hébreu » (et pas « juif »). Car le mot « juif » est associé en russe avec une appellation péjorative, presque interdite, de ce peuple. D’autant plus que la racine des mots « Еврей » (Iévrey) et « Hébreu » est évidemment la même.

Enfin, des okrougs autonomes, anciens « districts » autonomes. En russe :
Ненецкий автономный округ, Ханты-Мансийский автономный округ — Югра, Чукотский автономный округ, Ямало-Ненецкий автономный округ.

Toujours des adjectifs ici, pas des ethnies. Qui plus est, le mot Iamal dans le nom de l’un des okrougs n’a rien à voir avec une ethnie comme d’aucuns pourraient le penser, c’est un mot de la langue Nénètse donné à cette péninsule. De sorte qu’on aura :
L’okroug autonome Nénétsien, l’okroug autonome Khanty-Mansien — Iougra, l’okroug autonome Tchoukotien, l’okroug autonome Iamalo-Nénétsien.

Valerik
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